Magazine culturel contributif en bassin franco-valdo-genevois

> Mag > Musique > L’ élégance du cafard nordique 

Antigel 2014

L’ élégance du cafard nordique 

mardi 11 février 2014 par Olivier Dutertre rédaction CC by-nc-sa

Compte-rendu

Le crooner suédois Jay-Jay Johanson, fervent admirateur de Chet Baker, revient en formation réduite pour un tour de chant dans la lignée de ses premiers albums.

Le quartier du Lignon, à quelques encablures de Genève semble l’archétype des grands ensembles tel qu’ils étaient conçus au début des années 70 (le bâtiment principal présente une longueur d’un kilomètre de façade d’un seul tenant). Pas franchement un lieu qui évoque une atmosphère intimiste. Pourtant la salle des fêtes de ce quartier, avec son côté daté et son parquet, s’est revelée propice quoiqu’un peu vaste.


JPEG - 73.8 kio

© Pauline Amacker

20h15.Les gradins se remplissent d’un public de tous âges. Pas d’effet de mode autour de la tournée de cet artiste (contrairement au milieu des années 90). Le crooner suédois n’a pas réellement cessé de sortir régulièrement des disques au fil des ans, désarçonnant parfois ses fans. L’album fraîchement sorti prend cependant une saveur de retour aux sources et au style qui l’a fait connaître. Le spectacle qui suit ne démentira pas cette impression.

Le dispositif scénique est plutôt simple : Jay-Jay se tient debout, longiligne, cadré en plan américain pas la lueur ronde d’un projecteur de poursuite. À sa droite, le musicien qui l’accompagne gère l’ensemble de la musique depuis un seul clavier, passant cependant de temps en temps sur un Piano Rhôdes.

Dès les premiers phrasés le plaisir est évident de retrouver cette voix singulière. Pour le coup, le chant se confirme comme parfaitement juste du début à la fin, avec plein d’inflexions très bien amenées. Il sait y faire, alternant anciens et nouveaux titres dans un set qui met en avant l’homogénéité de son œuvre (cette liste de morceaux fait du coup l’impasse sur les envolées électro de certains de ses albums ou de clins d’œil décalés comme le récent Dry Bones, présent sur le dernier album baptisé du sobriquet de Cockroach, c’est à dire cafard).

Pendant tout le concert, des visages captés en vidéo en noir et blanc se succèdent à l’arrière plan, visages en plan fixe, s’efforçant de regarder la caméra pendant plusieurs minutes, passant par des variations infimes de mimiques et captant l’attention par leurs beautés diverses, claires-obscures.

Tout au long du concert, JJ sirote de temps à autre une lampée de Whiskey (son breuvage favori ? – en tout cas le titre de son premier album), discute avec son musicien, et vers la fin du set, tente quelques plaisanteries, visiblement dans son élément.

Le public acquiesce et semble avoir trouvé là ce qu’il cherchait. Je suis resté pour ma part vraiment frustré par la rigidité qu’a apporté le fait de jouer sur séquenceur, et de ce fait un peu déçu de ce que ce concert aurait pu être, avec un vrai groupe, dans un échange musical vivant dont je le savais capable.

Après un rappel de plusieurs titres, dont une partie solo du clavier, pendant laquelle le chanteur s’est pratiquement mis la tête sur les enceintes pour ressentir le son, JJ est étonnamment descendu serrer les mains des spectateurs du premier rang, un peu à la manière d’un élu en période électorale, avant de s’éclipser, silhouette dégingandée dans son manteau en tweed, avec à la main un gros sac à main digne de Ma Dalton.

Commenter cet article

Pour participer ici, vous devez vous connecter avec l’adresse mail de votre inscription sur Rictus.info.