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Les Picky Banshees, un groove qui vient du cœur

vendredi 11 novembre 2022 par Martine Lavy rédaction , Sylvie Chareun photographie CC by-nc-sa

Compte-rendu Entretien

La Traverse du Bourget Du Lac [1] est bondée ce jeudi 20 octobre 2022 dans l’attente des Picky Banshees, quintet grenoblois. Il est vrai que celui-ci avait déjà enflammé le public en février 2019 avec sa musique nomade folk and soul ! Le public, sagement assis, finira debout, ondulant, emporté par l’impact de ce groupe charismatique. S’étant produit au jazz club la semaine suivante, ce fut l’occasion non seulement de réécouter un fabuleux set, quasi intégralité du dernier album à paraître, mais aussi d’interviewer le leader du groupe : Samuel Chaffange (également fondateur du groupe Säman avec Thierry Nicolas et ex-guitariste des Cash Misère).

Interview de Samuel Chaffange

Est-ce que Säman existe toujours ?
Non, Säman n’existe plus. C’est un répertoire que j’avais écrit de mon côté et que je suis assez frustré de ne plus pouvoir jouer, donc on a réintégré dans le set des petits passages où on se sert de transitions pour récupérer des petites bribes de ce répertoire là. Mais non, ce n’est plus d’actualité malheureusement…
Et Cash Misère ?
Cash Misère existe toujours et Aurélien joue toujours avec lui.
Aurélien, c’est celui avec qui tu as fondé ton groupe ?
Oui, Aurélien Le Bihan.
Et le lien avec Thierry Nicolas ?
C’est la personne qui m’a clairement permis de devenir musicien professionnel, intermittent du spectacle. C’est aussi grâce à lui que j’ai joué dans Cash Misère. Säman c’était mon projet à moi et lui, il a monté le duo avec moi. Ensuite il m’a invité sur son projet à lui, Cash Misère, dans lequel j’ai rencontré Aurélien. Et dans les tournées de Cash Misère, on a commencé un peu à bidouiller avec Aurélien le répertoire des Picky Banshees.
C’était en quelle année ?
En 2016 : j’en étais l’auteur-compositeur et Aurélien l’arrangeur.
Comment le duo s’est-il agrandi ?
Cindy Ladakis, chanteuse Soul, nous a rejoint en 2017. Laurent Nedja à la batterie et David Elghali au clavier sont venus compléter le groupe en 2020, lors de l’enregistrement de notre dernier EP « Cloudy Man ».
On dit que tu es autodidacte...
J’ai commencé avec des bouquins, « la guitare pour les nuls », entre autres, mais j’ai eu très vite la chance de toujours jouer avec des musiciens plus âgés et pour le coup meilleurs que moi au niveau théorie et musical et ça m’a toujours tiré vers le haut. Pour moi l’école de la musique ça a été les rencontres musicales mais c’est pas forcément facile à vivre. Dans les Picky’s, je suis le seul à avoir ce profil là, ils ont tous des formations, conservatoire, musiques du monde etc...Et pour moi c’est quand même frustrant.
C’est quand même toi qui écrit les textes !
Et heureusement, parce qu’à l’inverse, je serais incapable de faire, ce que eux font pour moi. Moi, j’arrive avec l’ossature du morceau et chacun arrive à se l’approprier, à tout de suite trouver comment mettre sa patte et ça c’est une vraie chance. C’est vrai que dans la communication on n’a pas forcément le même langage, moi j’ai pas de langage musical, moi je te dis plus « tiens, fais-moi un cheval qui galope ! ».
On pourrait dire que vous êtes complémentaires ?
C’est vrai, complètement. Quand j’ai commencé la musique, j’étais tellement complexé de ne pas avoir fait de formation que je me disais « si ce que je fais en fait n’est pas un peu chiadé… ». Et puis j’ai vécu au Danemark deux ans. Là-bas ils écoutent de la pop, mais de la musique commerciale vraiment bidon, ce qui fait qu’au fur et à mesure, j’ai réellement ouvert l’oreille, en me disant que dans la pop, y avait des choses à prendre. Au final, c’est quoi la musique ? Finalement, je suis revenu à des trucs plus simples en me disant qu’on allait pas se restreindre à faire de la musique complexe pour faire de la musique complexe. Et après coup, je me suis rendu compte que faire des choses simples, mais bien faites, c’était au final ce qu’il y avait de plus difficile à faire.

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On sent une vraie complicité entre vous.
Au fur et à mesure des années, on a tous partagé des instants de vie personnels des uns et des autres et du coup, tu dépasses un peu de ce cadre du travail pur et dur. Quand tu partages des choses qui jouent sur la corde sensible, ça reste, c’est marqué, et on ne monte pas sur scène comme on va pointer à l’usine, on a de la chance, on est des privilégiés. On fait ce qu’on aime avec des gens qu’on aime.
Le groove des Picky Banshees est contagieux et tu sais t’adresser au public d’une façon simple et touchante. On a l’impression de faire partie de la famille.
C’est vrai qu’on a un côté humain qui fait boule de neige, on ne le fait pas exprès, on fait ça de manière très naturelle. Une fan à Aix Les Bains nous a confectionné la bannière Picky Banshees qu’on a mis sur scène à la Traverse. On ne savait pas qu’elle allait venir nous écouter et elle a été vraiment émue de voir qu’on l’avait utilisée.

Cela n’a pas du être facile de remplacer Cindy, comment as-tu rencontré Mélanie [2] ?
Je l’avais entendue au café Bayard à Grenoble, un café super cool où il y a plein de musiciens qui gravitent et où la musique se partage hyper simplement et humainement. À l’époque, je commençais Picky et quand j’ai entendu sa voix, ça m’a fait penser à Rosemary Stanley du groupe Moriarty, à Joan Baez aussi, des couleurs de voix qui vont dans l’univers de voix que je défends personnellement et elle jouait du violoncelle aussi. Sauf qu’à l’époque, le projet n’était pas encore créé, je ne savais pas comment elle s’appelait ou quoi que ce soit, puis le projet a fait sa vie. Mais quand on a dû penser à une nouvelle personne, on a commencé à faire le tri parmi les connaissances. J’ai repensé à elle, et même si ça n’a rien à voir avec Cindy, en terme de registre, pour le répertoire qu’on défend, c’était complètement cohérent. Grenoble, étant un petit milieu, tous les Picky voyaient qui elle était et elle même nous connaissait car elle nous avait entendus au Cabaret Frappé.
Que dirais-tu de l’évolution de votre musique, du 1er EP sorti en 2017 jusqu’à aujourd’hui, où vous allez produire votre 1er album ?
Notre premier EP Live Session a été fulgurant, hyper spontané, il est sorti d’un coup. Le deuxième (My Loving Host) en 2018, plus ou moins pareil. Le troisième ( Cloudy Man), c’est le premier qu’on a enregistré avec une batterie et un clavier, en 2020. Comme c’était nouveau on se cherchait, il n’y a pas eu tout de suite une couleur commune et là, le dernier, l’album, c’est la concrétisation de toutes ces années ensemble. Dans l’expérimentation et la recherche on s’est affirmé, on a trouvé une identité qui nous parle à tous. On est fier de cet album !

Et sur les Picky Banshees depuis 2017 ?
Je tiens à dire qu’on est en totale autonomie et production depuis le début, qu’on perdure et que juste pour ça on est fiers ! On commence à sortir un peu de la région grenobloise et on arrive aussi à avoir tous les ans des dates hors de la région Rhône-Alpes.

Quels sont vos objectifs ?
S’exporter, et ce serait vraiment bien de trouver un soutien, sur le booking principalement.

Votre prochain album ?
Un album 11 titres qui va sortir très bientôt, début 2023 : Let’s get higher, ce qui veut pouvoir dire plein de choses. C’est un album qui a été créé pendant le confinement. Moi, j’ai eu le décès de mes deux grands-pères. Dans la période, c’était hyper compliqué et dans Let’s get higher, il y a la symbolique du ciel mais aussi « c’est le moment, on va passer un cap, on va aller au devant, au delà des choses »,c’est aussi « laisse derrière les choses compliquées » et c’est aussi un bout de parole d’une des chansons qui s’appelle « burns ».

Compte-rendu du concert des Picky Banshees

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Le concert débute avec « Cloudy Man », titre issu du dernier EP du même nom, répertoire joué en 2019 à la Traverse. Le concert à peine commencé, Samuel annonce que la Picky Banshees family s’agrandit avec un nouveau membre à naître prochainement « Je vais être papa ! » Et de dire aussi que la famille s’agrandit deux fois plus encore avec l’arrivée de la talentueuse Mélanie Petrarca au chant qui remplace Cindy pour cette période.

Des mélodies inspirées, construites et fluides, le jeu impeccable des musiciens et les voix conjuguées, celle enveloppante et vibrante de Samuel, et celle claire et caressante de Mélanie, ont résonné dans le cœur du public de la Traverse. Une vague de chaleur s’est déversée, peu à peu… On voyage… Des compos qui sont effectivement naturelles, qui viennent du cœur de toutes leurs influences, de leurs premiers amours, des années 70, du rock…. avec le plaisir et le feeling en premier lieu dans leur approche. Les chansons retracent souvent des histoires d’amour déchu et chaque chanson est comme une photographie d’instants vécus. Le public est charmé. Les spectateurs oublient le temps, le lieu, chantent et finissent par danser debout à leur place. Les musiciens quittent la scène, se baladent et emballant le public par leur proximité intimiste, chantent et jouent en acoustique.

Le groupe vend la presque totalité de ses EP à la sortie du concert !
Un album à découvrir Let’s Get Higher, répertoire de la scène d’aujourd’hui, que vous pourrez acheter bientôt à la sortie des prochains concerts.

Pour ceux qui n’ont pas encore rencontré les Picky Banshees, prochains concerts les :
10/11/2022 – Espace Culturel Aragon, Villard-Bonnot (38)
09/12/2022 – Festival Océan Marais de Monts, Soullans (85)
10/02/2023 – Théâtre Le Beausset (83)
24/03/2023 – Conservatoire d’Annecy (74)
07/04/2023 – Espace Culturel Bellerive sur Allier (03)

PICKY BANSHEES - Beating A Dead Horse [CLIP OFFICIEL]

Notes

[1espace culturel savoyard de plus de 300 places.

[2Mélanie Petrarca, chanteuse également dans Sunshine in Ohio (blue grass swing) et les Nebraska Jones (folk français) https://youtu.be/yLI6nHRU9CI

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