LIV et le Grand Orchestre de Château Rouge

LIV est un OVNI.

Né de la rencontre il y a une dizaine d’années entre Thierry Girault, musicien annecien parti enseigner au conservatoire de Tromsø et composer pour le big band de cette ville de Norvège arctique, la danseuse, chorégraphe et musicienne Liv Hanne Haugen et le tromboniste Øystein Blix, rejoints ensuite par le guitariste Alain Kawczak, le groupe privilégie improvisation et expérimentation, mélangeant chants traditionnels Sami (le peuple aborigène de Laponie, éleveur de rennes), musiques actuelles et jazz dans des compositions originales magnétiques et toujours très mélodiques.

Liv Hanne Haugen utilise sa voix comme un instrument, non seulement pour chanter mais aussi pour hurler, crier, murmurer ou encore pratiquer des chants de gorge proches de ceux des peuples inuits ou d’Asie centrale en fonction de ce qu’elle souhaite exprimer, avec un résultat à la fois puissamment évocateur et très beau qui lui permet notamment de pratiquer le joik, un chant sami visant à décrire l’essence d’une personne, d’un lieu ou d’un animal en scandant des sons qui le caractérisent, tels que chuchotements, interjections et imitations de cris animaux.

Inspiré par les grands espaces de la Norvège du Nord, l’univers musical de LIV est tout naturellement cinématique et se prête donc particulièrement bien aux collaborations avec des formations telles que le Grand Orchestre de Château Rouge, composé d’une sélection d’instrumentistes issu du projet Jazz On the Water dirigée par Jean-Paul Odiau [1], qui apporte ses couleurs et nuances aux paysages musicaux dessinés par LIV, et les jeunes musiciens relèvent brillamment le défi.

De « Matzi » à « Reindeer » en passant par « Hage » on se laisse emporter dans un monde musical déroutant, envoûtant, émouvant, énergisant. Et ça fait du bien.