> Mag > Musique > Michel Cloup, en trio maintenant
Quasiment trente ans après sa participation à la comête diabologum, et après avoir passé dix ans en formule duo, Michel Cloup a éprouvé le besoin de changer de formule, afin de casser les habitudes. Le résultat de cette mutation a été défendue en trio ce soir de Janvier lors de son passage au Brin de Zinc.
Michel Cloup est bien connu pour avoir été l’une des deux têtes pensantes du projet culte diabologum, au mitan des années 90, qui s’est dissous après trois albums, mais à marqué durablement une génération d’auditeurs en experimentant un spoken word en français, plaqué sur une musique et une écriture exigeante.
Le temps ayant passé dans une formule guitare batterie de plus en plus épurée (Michel Cloup duo avec Julien Rufié), le besoin s’est imposé à lui de choisir une autre forme, afin d’éviter les redites, et sentant arriver la fin d’un cycle.
Une session d’enregistrement solo, complétement improvisée sur une boucle de guitare et une boite à rythme a donné « Lâcher prise », morceau séminal du projet en devenir. Le reste de l’album s’est agrégé au fil d’une succession d’essais - échecs.
Sur scène, le projet musical est présenté en trio avec le soutien impeccable de Manon Labry [1] et la rythmique de Julien Rufié. La partie électronique est sans doute un peu plus discrète sur scène que sur la version disque. On retrouve la signature textuelle de Michel Cloup, pleine de scansions oscillant entre contat clinique et ironie désabusée.
Les textes sont bruts, incantatoires, la guitare est rageuse, les visages sont fermés. Et puis, comme un « lâcher prise » (titre d’ailleurs qui a clos le set, répété en boucle pendant prés de 10 minutes ou même plus), la guitare est abandonnée et Michel Cloup accepte de lever un peu le voile sur sa fragilité. C’est furtif... Dommage...
Je l’ai découvert sans a priori et j’ai été intriguée, agacée, rebutée et, l’espace de quelques instants trop rares, séduite.
Par delà quelques remarques acides, il a souhaité rendre un hommage particulier (sans le nommer cependant) à Joseph Ponthus, auteur du roman À la ligne, qui a œuvré à rendre dignité aux ouvriers à travers son expérience, et dont Michel Cloup a adapté l’œuvre, en collaboration avec Pascal Bouaziz (Mendelson).
[1] du groupe No Milk Today