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Polly Jean Harvey a foulé les planches de la scène du lac au Jazz Festival de Montreux en ouverture de cette soirée très attendue. Et le temps s’est arrêté.
La prêtresse intemporelle et iconique du rock qu’on ne présente plus, nous a transportés dans son univers musical interprétant pas moins de 18 morceaux accompagnée de ses musiciens.
Entre mise en scène léchée — quelques vieux mobiliers en bois disposés sur la scène du lac — et postures délicates, chorégraphie corporelle aérée et magnifiée par des touches de sourires presque pudiques, PJ Harvey et son groupe ont enchainé leur répertoire réorchestré pour l’occasion tel un voyage initiatique.
Musicalité aux sonorités rock puisque les amplis Vox et Ampeg, ou encore guitare Mustang et basse Precision, s’invitent et posent les fondements du son de la britannique. Un violon fougueux et maîtrisé sera de la partie ce soir.
Mise en scène encore, avec une touche végétale, représentant sans doute de l’écorce qui est projetée sur la toile habillant ainsi l’arrière scène. Jeu de lumière minimaliste, aux couleurs chaleureuses.
La grande dame du rock est habitée par sa musique, et habillée pour l’occasion d’une parure sur mesure entre robe cintrée et toge blanche aux motifs boisés. Habit de lumière raffiné. Elle illumine. Elle rayonne. Rien n’est laissé au hasard. Comment ne pas être conquis.
Seule au chant ou accompagnée par ses musiciens instrumentistes, parfois a capella, elle nous transporte dans son univers. Assagie peut être (mais pas certain). « 50 ft Queenie », « Man size » et le morceau « Dress » me feront mentir. ET quelle voix ! Rien de surjoué.
La maîtresse de cérémonie enchaîne les titres avec passion. Et toujours nous emmène avec elle, nous montrant le chemin. Parfois de courts intermèdes de chants d’oiseaux ou tintements de cloches et de clochettes entre ces derniers. Tout au long de la soirée, elle marquera de courtes pauses entre les morceaux comme pour capter la symbiose avec son public, s’en nourrir. La communion est parfaite. Basses des plus présentes jouées au clavier pour « Down by the Water ». Puis prestation musicale pour le moins envoûtante lors du final pour « To Bring you my Love ».
Salut théâtral sur le devant de la scène comme pour marquer la fin de ce chapitre musical en guise de conclusion. Ce fût un honneur d’être parmi vous, Madame.
Setlist :
Prayer at the Gate, The Nether-edge , I inside the Old Year Dying, The Glorious Land, Let England Shake, The Words that Maketh Murder, A Child’s Question - August, I inside the Old i Dying, Send his love to me, 50 ft Queenie, Black-hearted Love, Angelene, The Garden, The desperate Kingdom of Love, Man-Size, Dress, Down by the Water, To Bring You My Love
Puis vint le tour de The National et de son rock indé. La foule afflue en masse et grossit à mesure que les minutes passent. Carton plein pour les américains. Sur scène, les techniciens s’activent et la technique se voudra impressionnante... exit la scène minimaliste. Grosse machine en terme de jeux de lumière... Travail de fourmis en version accélérée. The National déchaîne les passions. Et le public est au rendez-vous.
A présent la nuit est tombée sur le lac. L’écran géant à l’arrière de la scène retranscrit les images des derniers techniciens qui s’affairent puis finalement celles des visages du groupe. Ovation de la foule. Cris et sifflets. The National se présente finalement à son public. Le show tout en lumière peut débuter.
Le front man, chanteur au charisme indiscutable, entre en action. Tout au long de la soirée, il arpentera la scène de long en large, fait les mille pas ici et là, grimpant parfois sur les jeux de lumière, estrades improvisées pour l’occasion. Les guitaristes ne sont pas en reste, sourires de connivence, guitare presque maltraitée parfois.
Le groupe a un don pour la scène. Section cuivre imparable, batterie et basse, en ordre de marche, machine déroulant sa rythmique, sans faille. Les musiciens passent d’un clavier à une guitare ou inversement. Qualité non des moindre à noter. Jeu de lumière imposant. Vidéo en arrière plan. Mais s’il fallait relever un bémol, sans doute serait-ce peut-être une impression de déjà vu tout au long du set quant aux morceaux qui s’enchaînent mais le public de Montreux qui avait fait le déplacement est conquis et en redemande. Pari gagné pour The National qui clôture cette soirée en bordure de lac.
Setlist :
Runaway, Eucalyptus, Tropic Morning News, Don’t Swallow the Cap, Bloodbuzz, System, I Need My Girl, This Is the Last Time, Conversation 16, Abel, Alien, Space Invader, Day I Die, Light Years, England, Graceless, Fake Empire, Mr. November, Terrible Love, About Today, Vanderlyle