> Mag > Musique > Rêve éveillé sous Melatonin
11 avril 2018 à Chamonix.
Pendant que La Maison des Artistes, cette ancienne villa historique, se remplit peu à peu, je monte avec les membres du groupe Melatonin au 2me étage, pour une interview improvisée dans une ambiance très détendue.
Val : Vous vivez dans des villes différentes. Comment faites-vous pour répéter ?
Melatonin : On a un partenaire qui nous aide énormément, le Brise Glace à Annecy. On se retrouve souvent là-bas. Annecy et Lyon sont les deux points centraux du groupe.
Comment vous êtes-vous rencontrés ? Autour de la musique ?
Oui, notre rencontre était exclusivement musicale. On est trois à avoir fait le Conservatoire à Annecy, il y a environ 8 ans. Deux autres se sont rencontrés dans une École Supérieure de Musique à Dijon il y a 5 ans.
Quelles sont vos influences ?
Surtout pas Radiohead (rires), Björk encore moins, Bon Iver non plus. Dans les vraies influences, Sardou (rires), Jordi…
Plus sérieusement Bon Iver, Radiohead, l’électro, John Hopkins, Björk, Sigur Ros, Moderat, les disques solo de Thom Yorke…
Qu’est-ce qui vous vient en premier ? La musique ou les paroles ?
Les deux ! L’un peut influencer l’autre, ça évolue en parallèle. Les paroles font évoluer la musique et vice versa. C’est surtout Pierre qui s’occupe des paroles.
Vous jouez une dizaine de titres sur scène. Bientôt de nouvelles chansons ?
Oui, bientôt un deuxième EP, plus étoffé, plus épique et plus électronique.
Vos futures scènes ?
On finit la tournée en mai pour défendre le premier EP, on a fait 30 dates depuis un an et demi. On va ensuite enregistrer le nouvel EP.
On a notamment une date le 29 avril à Genève avec Sofarsounds. C’est une chaine Youtube qui filme des musiciens du monde entier, que ce soit des supertars comme Ed Sheeran ou des gens comme nous, pas super connus (rires)… Les concerts sont privatifs et ont lieu dans des endroits exigus ou insolites. C’est positif de trouver ce genre de lieu car dans le même temps, beaucoup de salles ferment et ça devient de plus en plus dur de jouer. On est très friands de lieux détournés, par exemple dans un théâtre où l’on jouait avec le public autour de nous sur la scène, on avait fermé le rideau.
En vous écoutant tout à l’heure, sur la scène de La Maison des Artistes, je me disais que je vous imagine très bien dans une salle beaucoup plus grande, vous avez un son qui prend de l’espace…
C’est vrai que d’habitude, on joue dans des salles un peu plus grandes et avec plus de réverbération et de pression acoustique. Mais c’est un exercice intéressant de s’adapter à une salle plus petite, avec une formule acoustique plus épurée, où l’on enlève le côté grandiloquent pour rester sur quelque chose de plus intimiste. C’est une belle expérience. Nos chansons se prêtent aux deux types de salles.
Comment envisagez-vous l’évolution de votre musique ?
Dans notre deuxième EP on a un peu gommé le côté rock pour aller vers quelque chose de plus électronique, plus onirique et cinématographique, en gardant le côté folk et le chant.
D’où vient le nom de votre groupe ?
C’est une longue histoire… Le concept autour de la mélatonine nous plaisait, ce médicament pour les insomniaques. Du coup, l’univers des rêves, du sommeil, des cauchemars… On s’intéresse, pour la composition, à l’état hypnagogique, la partie du sommeil où l’on ne sait plus si l’on est dans la réalité ou non. Dans les rêves ou cauchemars, tout peut intervenir à n’importe quel moment, à un moment t’es à New York et puis tu te retrouves à Chamonix, tu ne sais pas pourquoi mais ça ne va pas te surprendre. Le fonctionnement du cerveau est fascinant. Les rêves t’emmènent, tu comprends ce qui se passe alors que ça n’a aucun sens.
J’ai une question qui est liée à ce que vous dites : on parle d’ambiance de rêve, un peu hypnotique et en même temps il y a souvent des notes dissonantes dans votre musique. N’y a-t-il pas là une contradiction ? Quel effet recherchez-vous ?
Le philosophe Wittgenstein avait analysé la musique et disait que deux choses nous tiennent : quand on donne au cerveau ce qu’il attend, une cadence parfaite par exemple, et quelque chose qui le surprend, une cadence imparfaite. On alterne entre la surprise et la détente.
On ne peut pas vraiment s’endormir avec votre musique, on aimerait mais vous nous en empêchez…
Ça nous fait plaisir ! Quand tout est fini, tu ne retiens pas ce que les gens ont dit ou fait mais comment ils t’ont fait te sentir et ressentir les choses. Dans les rêves c’est pareil, tu te souviens de ce que tu as ressenti.
Pourquoi chanter en anglais ?
Avec la même musique mais en français, on te met dans un autre style, d’autres cases et d’autres circuits. Du point de vue esthétique, cela a du sens aussi. Nos références sont en anglais. Le français ne correspond pas musicalement à ce qu’on veut dire.
Pour conclure, dans le monde de la musique, il y a beaucoup de concurrence, tellement de groupes qui essaient de percer, comment vous voyez ça ?
Chacun de nous a des moyens de vivre autrement qu’avec le groupe, ce qui nous donne une liberté pour faire ce qu’on veut. Si un jour on peut vivre de ce projet, tant mieux mais si on ne peut pas, c’est pas grave, on peut quand même jouer. On ne voulait pas que la question financière influe sur notre musique.
C’est ce qui vous rend intéressants !
Merci…
Propos recueillis et images N&B captées par Val de Sallanches (Musikalps).
Images couleur : Anatholie Music Photography
En traversant rock, folk, electro et bruitisme, ils nous invitent à sombrer dans une nuit scintillante et à surpasser la peur du noir.
1re partie : Emily Magpie
Combinant des éléments de folk, d’électronica et de pop, Emily accompagne ses mélodies ukulélées scintillantes d’un chant céleste déchirant, le tout sur des rythmes palpitants.
Entrée Libre
L’Orchidée Cosmique est un OneManBand basse/synthy/fuzz/looper et batterie programmée évoluant dans un genre Noise/Ambient/Space/Post-Metal.
Melatonin : Nourris d’influences variées, du rock à l’électro, de la folk à l’ambient, les quatre musiciens en recherche constante de teintes nouvelles et de sons originaux nous délivrent une synthèse riche, toujours subtile et personnelle, pour sombrer dans une nuit scintillante et surpasser la peur du noir.
5€
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