> Mag > Musique > Son of Buzzi, de la guitare et du silence aussi
Publiée en mars 2022, Die hand der Riesin est la dernière en date d’une série de cassettes du projet solo zurichois Son of Buzzi. Confectionnée à la main de la manière la plus simple et la plus artisanale qui soit, à l’image du dessin d’enfant qui orne la pochette, elle documente pas à pas une exploration très personnelle et lumineuse de la guitare.
Si les sept morceaux qui composent cet album empruntent leur vocabulaire à un idiome folk chaleureux et intimiste, l’écriture semble constamment chercher à ouvrir la chanson sur autre chose. Sur le morceau éponyme, « Die hand der Riesin », ou sur « Unendliche schleifen », par exemple, la guitare de Son of Buzzi esquisse des contours, entrouvre des mélodies puis les laisse en suspens pour les reprendre un peu loin, dans un mouvement qui évoque le flux et le reflux. Son jeu semble consister à poser des jalons autour du silence, à délimiter des espaces plutôt qu’à les remplir. L’effet est assez magnétique : plus qu’une mélodie qui vous emporte ou un rythme qui vous saisit, c’est un souffle qui parcourt les morceaux et nous tient en haleine.
Certains titres sont emprunts d’une touche de lyrisme plus appuyée, « Im Nachtzug nach Hamburg » et sa cascade délicate de notes lumineuses ou « Weisses wasser » qui, après un détour par la musique folk, égrène une ligne presque classique pour déboucher sur une petite folie débridée, vacillante et tonitruante à la Bill Orcutt.
Sur « Die hand der Riesin II », une note de contrebasse, des bruits des crissements, des stridences non identifiées apparaissent plus nettement. La musique fait place aux bruits du monde, les intègre dans une unique vibration. Une sorte de bouclage de la boucle qui clôt cette traversée aux airs d’enchantement.
Cet article est dédié à Damien d’Urgence disk et à son infatigable soutien à toutes les musiques.