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Sous l’empire du rythme

jeudi 17 février 2022 par Tom Rad-Yaute rédaction CC by-nc-sa

Compte-rendu

Quatre danseuses aux personnalités diverses et le rythme, entêtant, véhément, omniprésent. Telle est l’équation chorégraphique d’Autarcie (...), spectacle d’Anne Nguyen créé en 2013 et repris ce mardi 8 février à l’Auditorium de Seynod.

Au commencement est la pulsation, l’univers sonore rythmique imaginé par le percussionniste Sébastien Lété. Superposant des prises de batterie et de diverses percussions traditionnelles, cette bande-son est admirable de volume et de nuances. C’est elle qui, aux premiers instants du spectacle, fait tout à tour sortir de l’obscurité chacune des quatre danseuses — Sonia Bel Hadj Brahim, Magali Duclos, Linda Hayford et Andréa Moufounda —, prises d’un mouvement qui semble téléguidé par le son et s’évanouir quand il finit. Que les danseuses jouent la partition qu’elle impose ou cherchent à s’en extraire, de bout en bout du spectacle, le rythme maintient son emprise.


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Linda Hayford
Compagnie Par terre
© Thomas Bohl

La chorégraphie déploie ainsi des motifs frontaux, les danseuses disposées en ligne comme les quatre temps d’une mesure, comme une partition visuelle en interaction constante avec les motifs rythmiques. Gestes souvent mécaniques, gestuelle robotique servie par une technique de popping redoutable. Saccades, répétitions confinant à la transe, effets de défilement, rupture de la chaîne chorégraphique.

Ces parties alternent avec des moments plus théâtralisés, à l’aspect plus libre, mimant la relation interpersonnelle, avec regards, postures et intentions. Plus figuratifs, ils mettent en scène différentes dynamiques de groupe, tantôt tout en tension et conflit, tantôt en osmose, plus serein, ou encore tout entier tourné vers une construction collective.

C’est un peu une tarte à la crème de la critique de dire que l’art « interroge » le « collectif » (ou toute autre notion) mais le groupe est ici mis en tension de manière si évidente et si sensible, ses états changeants si clairement montrés que le thème court comme un fil rouge tout au long du spectacle.

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Autarcie
Compagnie Par terre
© Jean Barak

Si Autarcie (...) baigne dans une atmosphère martiale quasi dystopique et donne à voir une féminité athlétique, de résistance, la danse tisse ensemble les spécialités et styles variés des danseuses –- waacking, popping, freestyle ou danse contemporaine — de manière très organique et qui garde quelque chose de « street ». Un ensemble explosif, exubérant, d’une vitalité maximum mais dans lequel pourtant le jeu sur la presque-immobilité, sur le détail et le sens du geste minimal trouvent aussi leur place et offrent au spectacle certains de ses plus beaux moments.

Anne Nguyen est artiste en résidence à l’Auditorium de Seynod pour trois années.

Les photos illustrant cet article n’ont pas été prises durant la représentation à Seynod.

Portfolio

Compagnie Par terre

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