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Stéphane Couturier rend beau la laideur

mercredi 21 mars 2012 par Lucien Mermet-Bouvier rédaction CC by-nc-sa

Chronique

Né en 1957 à Neuilly, Stéphane Couturier est l’un des rares photographes français dont la notoriété dépasse largement nos frontières.
Issu de la photographie d’architecture, son travail en porte la marque : rigueur et technique.

Ses images sont captées aux quatre coins du monde, à la chambre 4x5 inch (à l’ancienne donc), de Hyères à Barcelone, de la Havane à San Diégo, de Brasilia à Belfort. Mais son travail ne fait souvent que commencer après la prise de vues ; nous allons le voir.

Depuis les années 60, un certain nombre de photographes reprennent le courant de la photographie documentaire du 19e siècle : Edward Ruscha, Dan Graham, Bernd et Hilla Becher et leurs élèves Thomas Struth et Axel Hütte. Leur pratique est neutre, objective disent-ils : la photographie comme information.

A première vue, nous pourrions placer Stéphane Couturier dans ce courant. Erreur !

Si l’artiste est bien un photographe de la construction/démolition urbaine, des mutations campagne/ville, s’il affronte d’une façon contemporaine la ville, s’il constate les dégâts urbanistiques, si ses images sont donc documentaires, urbanistiques, un examen approfondi nous renseigne sur la nature profonde du travail : la création de gigantesques jeux visuels dans lesquels le spectateur est invité à se perdre. Nous sommes en présence de véritables tableaux plastiques, toujours de très grande dimension. Les images naviguent entre document et fiction : mariage de la technicité à l’ancienne et du pixel. L’artiste produit peu, de quinze à vingt tableaux par an.

Le commissariat de l’exposition présentée à la Fondation est assuré par Philippe Piguet. Sélection ultra rigoureuse d’une œuvre qui ne l’est pas moins !

Ainsi nous pouvons découvrir des photographies des séries « work » (travaux urbains), « urban archéologie », « monuments » ensemble extraordinaire dans lequel des collages photographiques de façades reconstruisent le Monument Idéal (l’immeuble de La Havane, totalement imaginaire est pourtant construit avec les images d’immeubles de la ville), « landscaping », très belle série sur l’urbanisation du désert.

A retenir la plus photographique, la plus belle : « San Diego », un nouveau quartier de petites villas en bois en construction à la porte du désert, entrevu à travers une fenêtre.

«  Melting point » est une série dans laquelle l’artiste revisite la technique du sandwich. Il s’agit de coller deux négatifs (ou un négatif et un positif), avec quelquefois des décalages de point de vue, afin d’obtenir une nouvelle image. Le résultat obtenu est époustouflant. Par exemple, la photographie des cuves d’alternateurs prise dans l’usine Alstom de Belfort nous ramène à la peinture de Fernand Léger : Stephane Couturier peintre de la réalité contemporaine.

Deux vidéos sont présentées : un immense immeuble de Séoul visité en travelling frontal. La présentation dans la salle obscure est étrange : un effet optique « en rajoute » quant à l’intensité dramatique. Enfin, il ne faut pas manquer la projection cinétique dans la petite salle du haut : vertige assuré !

En résumé, pas de pleurs sur la ville, pas « d’esthétique de la ruine », mais la modernité comme un souffle puissant et malade à la fois, crachant ses impuretés. Stéphane Couturier, un artiste qui rend beau la laideur.

LMB

Wikipedia

Site de l’artiste

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Dossier de presse
Fondation Salomon
  • Stéphane Coudurier :
    du dimanche 18 mars 2012 au dimanche 3 juin 2012 FONDATION POUR L’ART CONTEMPORAIN CLAUDINE ET JEAN-MARC SALOMON

    Tel 04 50 02 87 52

    Ouverture du Jeudi au Dimanche 14H-19H

    Visite commentée le week-end à 16h pour les individuels

    Visite de groupe sur rendez-vous :04 50 02 88 55

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    adresse

    191, route du Château
    F 74290 ALEX

    complément

    191 route du Château - 74290 ALEX
    tél : +33 (0)4 50 02 87 52
    fax : + 33 (0)4 50 02 87 15

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Les commentaires de cet article

  • Le 16 mai 2012 à 09:00, par Franz Narbah En réponse à : Stéphane Couturier rend beau la laideur

    Bon sang ! J’ai enfin pris le temps d’aller voir cette exposition. Je suis resté des heures à me plonger dans les pièges labyrinthiques infernaux de ces images qui semblent si documentaires, et qui, après quelques instants d’initiation du regard, vous emmènent dans des jeux de trompe œil parfaitement nouveaux et vertigineux.
    J’étais avec mes filles qui ont 9 et 10 ans. Elles ont tout de suite compris le jeu. On arrivait plus à les faire sortir. Elles discutaient toutes les deux des trouvailles innombrables qu’elles découvraient comme des figures cachées dans un tapis ou dans des nuages.
    Formidable.

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