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Mornifle et ses Egratinures

samedi 28 octobre 2023 par Tom Rad-Yaute rédaction CC by-nc-sa

Chronique

Le deuxième EP du all-stars band annecien fait la démonstration d’un savoir-faire indéniable en matière de post-hardcore charpenté, mais il tient malheureusement à distance ses tendances plus créatives – et peut-être moins avouables.

Il n’y a pas à tortiller : Mornifle sait y faire en matière de hardcore lourd, de breaks qui cassent-les-reins-mais-c’est-pour-mieux-surprendre-l’ennemi-et-contre-attaquer-de-manière-fulgurante et en fait la démonstration convaincante tout au long des six titres qui composent ce nouvel EP, dont la version vinyle devrait sortir début décembre. En plus le son, excellent, s’est encore durci par rapport à leur premier enregistrement, plus agressif, plus crade, plus violent : les aficionadas et aficionados apprécieront. Les autres…

… les autres penseront ce qu’ils veulent mais ils regretteront peut-être que certaines potentialités du groupe, déjà entrevues sur le premier disque, restent sous-exploitées et perdent même encore du terrain. Ca et là, des ambiances moins sombres, des plans plus joueurs créaient la surprise et, couplés avec un son plus rond, sonnaient parfois presque pop – pop surpuissante, hein, ça va de soi –, et en tous cas esquissaient un truc assez frais et personnel.

Le morceau « Griffures » garde quelque chose de cet esprit, avec son premier plan presque funky et son petit gimmick de guitare aigu. C’est, à mon avis, le meilleur titre du disque parce que le groupe y prend le temps de développer son idée et qu’il emmène son hardcore ailleurs et nous avec.

Il y a eu un gros effort pour étoffer la voix également : les fondamentaux du hurlement screamo sont là mais le chant reste limité et cette façon d’accentuer le dernier mot de chaque phrase crée un effet pas toujours très heureux. Le groupe développe aussi des thématiques et une identité visuelle autour de l’enfance dans un esprit un peu Doisneau/Norman Rockwell — d’où, j’imagine, la faute d’orthographe crop mignonne du titre du disque — mais, là aussi, ça tombe un peu à côté pour moi.

En résumé : un groupe avec des qualités mais qu’on ne suit pas complètement dans ses choix. C’est ballot, c’est frustrant, mais c’est la vie.

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