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Mornifle rebat les cartes

dimanche 26 avril 2020 par Tom Rad-Yaute rédaction CC by-nc-sa

Chronique

Les ex-Komodo experience viennent de sortir un EP qui mèle racines hardcore et nouvelles perspectives excitantes.

Quand on demande quels sont les groupes locaux d’Annecy qui ont marqué, les noms de Inner suffering et Human side reviennent régulièrement et ce n’est pas un hasard si on retrouve leurs membres dans les formations actuelles les plus intéressantes.
Nevraska, bien sûr, dont le deuxième album est en préparation, et Komodo experience - trio instrumental dont l’existence aura été écourtée par le départ d’un guitariste.

Mornifle reprend les choses là où Komodo les avaient laissées mais rebat les cartes. Sous ce pseudonyme potache, on retrouve Fabien, qui quitte la basse pour passer à la guitare, Quentin (ex-Sayoni ma et MC Al Ouatta) prend le poste de bassiste et Kick est à la batterie mais seulement le temps de cet enregistrement puisque, désormais batteur de Nevraska, il va laisser sa place à Simon (We are the incredible noise, Cadet massive). Joli jeu de chaises musicales.

Pour son premier essai discographique, le trio frappe fort et abat d’entrée de jeu 6 titres, dans lesquels on reconnaît immédiatement le groove surpuissant et les compositions à tiroirs caractéristiques. Les musiciens connaissent leur grammaire convergienne sur le bout des doigts - sans jeu de mot, hein - et « Pouce », « Majeur » et « Paume » donnent quelques beaux moments de hardcore impétueux et sombre, plein de bourrasques glaciales et de break dantesques. Mornifle, disaient-ils.

Mais, y’a pas à dire, le rock instrumental, surtout en trio, ça va quand même pas tout à fait de soi. L’absence de voix dévoile fatalement le caractère linéaire de toute composition et, de ce point de vue, certaines tirent mieux leur épingle du jeu que d’autres. « Index » titille déjà l’oreille avec une mélodie de guitare joueuse.
Mais c’est surtout « Annulaire » qui bifurque et crée la surprise. Prenant ses distances avec les plans testéronés, ce morceau ose des mélodies plus évidentes, plus fun, et dessine un espèce de prog futuriste survitaminé vraiment emballant, un peu comme un TransAm métallique. Comme par magie, chaque instrument trouve sa place et l’alchimie entre la batterie surpuissante, le groove de la basse et une guitare inventive et bien dosée se fait ici naturelle et particulièrement aiguë.
« Auriculaire » continue sur cette lancée en préférant au défilement des plans prendre le temps de développer son riff accrocheur.

Mornifle a eu bien raison de mettre les bouchées doubles pour ce premier opus qui ouvre des brèches et laisse entrevoir des perspectives dont on a hâte de voir les suites que le groupe va leur donner. En attendant, c’est une excellente surprise qu’on espère bientôt goûter en concert. Welcome Mornifle !

Chronique initialement publiée sur le blog Rad Yaute

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