Magazine culturel contributif en bassin franco-valdo-genevois

> Mag > Musique > Ni ou l’orgie épique de rock frénétique

Ni ou l’orgie épique de rock frénétique

samedi 10 février 2024 par Christophe Chedal Anglay photographie , Tom Rad-Yaute rédaction CC by-nc-sa

Compte-rendu

Fleuron de l’écurie Dur & Doux et digne représentant de son esthétique exubérante et jusqu’au-boutiste, le quatuor Ni a démontré, devant un public enthousiaste, qu’un autre métal était bel et bien possible.


Annecy et ses environs semblent bel et bien figurer sur la carte du tendre de Dur & Doux, et on ne va pas s’en plaindre, ça, non. Après une suite de concerts où l’ébahissement le disputait au ravissement, c’était au tour de Ni de nous la coller et dans l’antre, certes modeste mais néanmoins mythique, du Bistro des tilleuls, s’il-vous-plaît. Comprenez : moiteur tropicale, promiscuité avantageuse — ou pas, c’est selon — et face à face façon match de catch entre le groupe et le public. Ça allait donner.

Ni, c’est le versant métal qui feraille et défouraille, avec des murailles du son bien épaisses et de la riffaille épique — à vrai dire, il y a même des mosh parts dans le dernier album. Mais aussi avec la drôle d’impression qu’un esprit farceur aurait secoué ces différents éléments, les auraient renversés sur la table et recomposé l’ensemble de manière fantasque et totalement improbable. Les riffs des deux guitares se télescopent et se court-circuitent, le compteur de tempo s’affole, les ambiances connaissent de brusques et étranges sautes d’humeur. Comme d’autres formations de cette pépinière unique qu’est Dur & Doux, Ni choisit le camp de la démesure, la saturation de stimuli musicaux, l’ivresse dans la dissonance auditive. Le live ayant pour effet d’abolir la distance que pourrait installer cette musique, on est plongé dans ce bain tumultueux et crépitant, où la folie créatrice du groupe infuse.

La concentration extrême des musiciens est palpable, peut-être même une pointe de souffrance, tant l’engagement physique est intense. La sueur perle sur les fronts, sur le visage du guitariste Anthony Béard et son tee-shirt Jesus Lizard. Le groupe a néanmoins un contact chaleureux, notamment par la voix de son bassiste Benoît Lecomte qui fait aux morceaux des présentations de troubadour enjoué. À ces folles embardées, le public, au premier rang duquel on reconnait les trois Zeugma, réagit avec enthousiasme.

Le set arrivé à son terme, le groupe ne pourra d’ailleurs que constater l’absence d’échappatoire face au public compact et réclamant encore à grands cris. Il s’exécutera sans rechigner.

Commenter cet article

Pour participer ici, vous devez vous connecter avec l’adresse mail de votre inscription sur Rictus.info.

Voir aussi…