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Si, entre Mozart et Nina Hagen, vous n’avez jamais su choisir, si, entre Offenbach et Melt-Banana, votre coeur a toujours balancé, Saddam Webcam est LE groupe qu’il vous faut. Bon, OK, ce profil ne court pas vraiment les rues mais il n’empêche que, pour les oreilles aventureuses qui étaient présentes à leur concert aux Steppes ce samedi 23 septembre 2023-là, ce fut Byzance.

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C’est une petite foule réduite, avec beaucoup de têtes connues, que l’on retrouve à notre arrivée aux Steppes. Un peu plus nombreuse que pour le concert de Pili coït, peut-être. N’empêche, surprenant que le bouche à oreille n’ait pas amené encore plus de monde et, aussi, que le public souvent hyper nombreux du Bistro des Tilleuls ne se déporte pas davantage sur ce lieu. Trop banlieusardes, les Steppes ?

Saddam webcam ouvre le concert tambour battant : vacarme, maestro ! On est immédiatement happé dans le maelström. Ça va vite, très vite. Les sens s’affolent, les repères se brouillent. Le duo basse/batterie déroule des tapis continus de rythmiques noise-rock jazzifiées, tonitruantes, tarabiscotées et à la précision redoutable, sur lesquels Jessica Martin-Maresco exécute des numéros d’acrobaties vocales les plus abracadabrants.

Son chant, mixé un peu moins en avant que sur l’album, se fond davantage dans l’ensemble et se laisser emporter par ce tourbillon d’onomatopées stridentes et d’envolées lyriques est un régal. L’entendre dans la proximité du live permet de se rendre compte combien la diction du texte reste au centre de son travail vocal et combien il conserve de bout en bout quelque chose de hargneux, punk. Ses airs de princesse gitane ensorceleuse, son œil de Méduse enjôleur ou glaçant, tranchent avec la performance forcenée des deux instrumentistes à ses côtés et ajoutent encore à la dimension visuelle de leur show.


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Évidemment, on en prendrait pendant des heures mais, à cette allure-là, les morceaux de l’album sont vite débités. Après avoir sondé le public, le groupe jouera à nouveau « La hanche droite », un de mes titres favoris et un excellent exemple de la puissance de leurs compositions. En l’espace de quelques minutes, de circonvolution en circonvolution, ce morceau vous fait traverser les paysages soniques les plus contrastés et les plus inattendus, jusqu’à des sommets, battus par les vents et gorgés d’émotion.

C’est une expérience un peu étrange, irréelle, que d’assister à un concert aussi renversant en comité aussi restreint. L’impression d’être privilégié le dispute au sentiment que quelque chose ne tourne pas tout à fait rond et c’est tout le propos de ces articles et compte-rendus que d’essayer à leur façon de peser dans la balance. En faveur d’un art radical, vraiment vivant, de ceux et celles qui le font et des lieux qui leur permettent de s’exprimer.




    Les Steppes sonnent l’alerte
    Le lieu existe depuis deux ans mais a du mal à passer la troisième. Depuis septembre, malgré les concerts gratuits et l’ambiance conviviale, la fréquentation est en baisse. Au point que l’équipe sonne l’alerte : sans public, un endroit comme celui-là ne tient pas. Pour que les Steppes puissent maintenir leur offre et continuent à jouer leur rôle au sein de la scène annécienne, soutenons les Steppes !

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