> Mag > Musique > Plongée en sono profonde
Avec deux premiers enregistrements disponibles sur internet et des concerts à un rythme soutenu, L’Orchidée cosmique est un projet qui commence à affirmer son identité singulière dans le paysage musical annécien. Il était temps de rencontrer Florian, l’homme derrière le one-man band cosmique. Ce fût chose faite lors de son passage à la Brasserie pirate à Cran-Gevrier, étape d’une tournée de huit dates qu’il a réalisée durant ce printemps 2016.
Salut Florian, depuis quand le projet L’Orchidée cosmique existe-t-il ?
J’ai commencé à faire des concerts en octobre 2015 et j’avais mis une année à le préparer : apprendre un peu de MAO [1] pour les parties batteries et construire un petit set !
Quelle est ta méthode de composition ? Est-elle différente d’un groupe classique ?
Je fonctionne pas mal au riff qui me plait et que je fais tourner avec le looper, sur lequel je vais essayer plusieurs sons, plusieurs thèmes, des samples à certains passages... Et puis, les parties batteries sur Cubase m’imposent un peu une structure, sur laquelle je vais broder.
Quelle était ton envie au départ de ce projet ?
De jouer, déjà (rires) ! J’avais envie d’un truc un peu plus noise que l’autre groupe dans lequel je joue (From asylum, NDLR), plus typé métal. Quelque chose qui puisse vite être monté en live, avec pas trop de matos. J’ai pris la basse - alors que je suis guitariste à la base -, parce que je trouvais le son chouette avec le fuzz.
Est-ce que ce projet t’as permis d’explorer d’autres aspects techniques ?
Les effets, j’étais déjà bien dedans en tant que guitariste. La MAO, je m’en servais pour enregistrer des riffs mais un pote bien calé m’a aidé et appris beaucoup de choses.
Tu as l’air de beaucoup jouer, est-ce que tu peux nous parler des concerts que tu as faits ? Est-ce que le fait de faire un one-man band te permet de jouer plus et peut-être dans des endroits insolites ?
Oui, je passe pas mal de temps à chercher des concerts ! Et quand on cherche, on trouve ! Déjà, je n’occupe pas la place d’un groupe standard, la configuration est assez mobile. Donc, le fait d’être tout seul aussi, autonome avec mon matériel, je pense que ça aide à trouver des concerts C’est vrai aussi que, comme je n’ai pas de batterie acoustique, je peux jouer à n’importe quel volume. Pour l’instant, j’ai joué dans des bars ou des salles. Le projet est assez récent, je n’ai pas de recul mais c’est vrai que je pourrais jouer dans des appartements. Si j’ai une prise de courant, je peux jouer un peu partout.
D’où t’est venu ce nom, l’Orchidée cosmique ?
Au début, j’étais parti sur un livre de Cousteau, qui s’appelle L’Homme, la pieuvre et l’orchidée. Et puis, pour ne pas avoir de souci plus tard et aussi pour que ce soit plus personnel, j’ai tranché pour l’Orchidée cosmique. Cosmique, par rapport à la musique que je fais, les sons blindés de delay, qui partent un peu dans tous les sens...
L’orchidée, c’est aussi une plante qu’on trouve en montagne. Est-ce-que le fait d’habiter à Annecy, dans les Alpes, a une influence sur la façon dont tu conçois la musique ?
(Il hésite.) Non, je ne pense pas… Mes influences, c’est plutôt la musique que j’écoute, ou alors des personnes, des collègues à la salle de répète, des concerts…
Je sais que tu vas voir pas mal de concerts. Est-ce qu’il y a des concerts que t’as trouvés géniaux, récemment ou pas ?
Effectivement, entre les concerts que je fais et ceux pour l’asso [2] à laquelle je donne un coup de main sur Chambéry, je vois pas mal de choses. Il y a un one-man band que j’avais trouvé super, c’était Gull. Il a juste une grosse caisse, une caisse claire, un charley, un looper je crois et des effets, et un masque. Il chante dans le masque, le micro est intégré dedans. Je connaissais pas plus que ça et, en live, c’était vraiment hallucinant.
Impression du concert du 8 avril à la Brasserie pirate (Annecy) avec The beauty the world makes us hope for et Komodo experience.
L’Orchidée cosmique était un peu l’inconnue ou le petit nouveau de la soirée. Même s’il a déjà joué à Annecy et dans les alentours, le projet de Florian est assez récent et je pense que beaucoup de gens le découvraient ce soir-là.
Voir un one-man band a toujours quelque chose de fascinant : ces gars qui se démènent tout seuls sur scène avec leurs multiples instruments ou, dans ce cas-là, leurs multiples pédales d’effets, ça tient un peu de la performance… Motifs mélodiques fragiles qui se déroulent et scintillent sur fond d’infrabasses distordues ou de gros beats, parfois limite industriels, la musique de L’Orchidée n’est pas facile à étiqueter. Le son plus défini qu’à son concert à Urgence disks en novembre 2015 permet de se rendre compte de tonalités assez pop, mais pas une pop légère, plutôt une pop de l’espace, sur fond sombre et insondable.
L’Orchidée captive son auditoire, attentif jusqu’à la fin. L’impression, au-delà des étiquettes ou des styles, de voir une personne s’exprimer, créer quelque chose de nouveau, de personnel… Il fait frais dans l’espace !
Et, sur Annecy, as-tu l’impression de faire partie d’une scène ?
(Nouvelle hésitation.) Non, pas trop… Je ressens plus ça sur Chambéry, avec l’asso Minimal chords. Je sais pas… Il y a peut-être plus de groupes…
Est-ce-que tu es intéressé par l’idée d’une scène alternative ? Est-ce-que ça signifie quelque chose pour toi ?
Là, tu me parles du côté alternatif dans la musique ou du mouvement alternatif ?
Je sais pas, selon ce que ça signifie pour toi…
Je trouve que c’est un principe d’échanges artistiques parce que dans ce lieux-là, en général il n’y a pas que des concerts, il y a des expos, vidéos, projos… Et puis souvent c’est accessible, avec des entrées en prix libre, etc. Donc, c’est un bon moyen pour découvrir autre chose que de la musique… Voilà ce que ça évoque pour moi !
Tu joues pas mal de musique mais comment survis-tu dans la vie de tous les jours ?
Je fais pas mal de musique, effectivement. J’ai fait des études de chaudronnerie, mais ça m’a jamais trop plu. Je donne des cours de guitare, j’ai travaillé dans un magasin de musique aussi, pendant 5 ans. Après, j’ai eu l’opportunité d’aller à Nancy pour étudier la musique dans une école. J’ai trouvé le taf dans le magasin de musique juste après. Ça m’a permis de rencontrer pas mal de monde. Tout tourne un peu autour de la musique. J’essaie de faire un peu de sport pour calmer le jeu (rires) !
Tu es guitariste mais est-ce que tu as d’autres centres d’intérêt musicaux ?
Oui, la MAO, ça m’intéresse de plus en plus. Je trouve pas mal de choses qui pourraient être exploitées, des sons de claviers, autant sur des claviers maîtres que sur des machines à bidouiller…
Quels sont les groupes d’Annecy que tu pourrais recommander ?
Ouh la, c’est dur, ça ! Ben... il y a les Komodo... Nevraska, c’est super cool. Et puis, il y a L’Épouvantail, aussi, en metal.
As-tu des projets d’enregistrement ?
Oui ! Par contre, je vais prendre mon temps pour le faire. J’ai deux titres dans le set qui n’ont pas été enregistrés. Je vais attendre d’en avoir cinq ou six pour sortir quelque chose, en physique cette fois. J’ai rien de pressé en disque pour l’instant, tout est sur le net. Donc voila, c’est en projet !
Pour conclure, tu veux rajouter quelque chose ?
Peut-être inciter les gens à aller aux concerts ? On découvre des trucs, on rencontre des gens et on passe de bonnes soirées !
Propos recueillis par Tom Anel, dont vous pouvez retrouver le blog, plein de chouettes reports bien rock.