> Mag > Musique > The Third Project : 1er album en mode Godzilla
Le trio chambérien pratique le post-hardcore dans un esprit punk morveux et blagueur. Démonstration avec leur premier album-BD, The Rise and Fall of the Ninja Squids.
The Third Project, c’est un trio bien connu des environs de Chambéry, dans lequel on retrouve à la guitare Florian Pichollet, aussi connu sous le nom de L’Orchidée cosmique lorsqu’il compose seul des odes stellaires à la basse ou aux synthés. Cet album, prénommé The rise and fall of the ninja squids, est le premier long format du trio et il a la particularité d’être accompagné d’une BD d’une trentaine de page – en format cartonné s’il-vous-plaît. Une bien jolie réalisation.
Deux supports, deux ambiances. La BD, œuvre du batteur et dessinateur — Janours pour ne pas le citer – conte une histoire fumeuse en mode débilo-geek régressif et drôle. Les cinq morceaux qui composent le disque – si on excepte un interlude dans lequel une voix se fraye un passage parmi des bidouillages viciés – tiennent du post-hardcore metal violent et sombre. Pesanteur omniprésente, riffs plombés, fond de gueulantes démoniaques et de hurlements terrorisés. Bref, ça rigole pas.
Enfin, presque. A y regarder de plus près, TTP se plaît surtout à reprendre les poncifs du genre : puissance sonore démesurée, groove pachydermique semi-lent pouvant sans peine être doublé, lignes mélodiques à l’octave, voix parlées haletantes, un petit passage d-beat par-ci, un riff technique à la Mastodon par là. Pas toujours très original, mais ils n’en ont cure. Sans trop se prendre la tête, ils alignent les plans éculés mais efficaces à leur guise, comme il leur plaît, comme le plus morveux des groupes de punk. Les passages les plus intéressants, à mon sens, sont ceux où l’esprit délirant de la BD semble rejoindre et infuser dans la musique, comme le joli plan technique asymétrique de « Quantic dog bag » ou le break blagueur du dernier morceau, « Terraflop ».
Si on avait des conseils à leur donner, c’est sûrement dans cette direction-là qu’on leur dirait de pousser. Mais est-ce-qu’ils les écouteraient ? Rien n’est moins sûr... Sales gosses !