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T-Shirt et Tombouctou, tanguent et tremblent les Tilleuls

vendredi 10 mai 2024 par Christophe Chedal Anglay photographie , Stef Ann photographie , Tom Rad-Yaute rédaction CC by-nc-sa

Compte-rendu

Ce vendredi 24 avril, sur la route de leur tournée, le quatuor T-Shirt était de passage au Bistro des tilleuls et avait eu l’excellente idée d’emmener dans ses valises les hérauts lyonnais de la noise mélodique et alambiquée, Tombouctou.

Ce n’est pas moins de quatre rictussiens qui avaient répondu à l’appel de la noise ce soir-là. Motivés au point d’arriver dès la fin d’après-midi pour une interview des trois Tombouctou, sur un bout de banc du petit square faisant face au bistro et qui paraîtra dès qu’elle pourra. Et même motivés au point de faire le trajet depuis Fribourg comme le surmotivé Stephane. Bienvenue à lui.

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T-Shirt (photo Steph Ann)

Les quatre T-Shirt ouvrent le bal. Inconnus au bataillon en ce qui me concerne, le groupe a sorti son premier album en 2018 et s’est doté d’une deuxième guitare depuis. Il compte dans ses membres Léa, qui se produit aussi en solo sous le nom Azurite sun, et Johanny, également batteur de Tombouctou. A première vue, le groupe installe une ambiance indie-rock caractéristique, dosant rythmiques mid-tempo et jeu mélodique enlevé entre les deux guitares. Leur son me rappelle ces groupes émo américains tirant vers la pop, The Van Pelt par exemple, ou peut-être le midwestern emo – quoique, à bien y réfléchir, j’ai jamais vraiment trop su ce que ça voulait dire. Mais, assez rapidement, un chant parlé façon spoken-word cinématographique, des rythmiques qui s’emballent ou une voix étranglée de fureur viennent brouiller les pistes et enrichir la palette – sans que le groupe ne se départisse jamais de sa concentration et d’un certain flegme tranquille, d’ailleurs. L’ensemble reste très naturel et organique, donne l’impression d’un rock narratif et lettré, assez libre – peut-être un peu sous influence Black midi, allez savoir –, rehaussé encore par le jeu entre chants masculin et féminin qui constitue clairement un des points forts du groupe. Une jolie découverte, donc, qui soulève l’enthousiasme du public des Tilleuls, rarement le dernier quand il s’agit de tanguer et trembler au son du rock.

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Tombouctou (photo Christophe Chedal)

C’était aussi un très bon préambule aux dérapages plus ou moins contrôlés qui allaient suivre et qui allaient nous propulser dans la dimension noise du rock. Eparpillés entre Lyon et Toulouse, les trois membres de Tombouctou ne s’étaient pas revus depuis plusieurs semaines. Qu’à cela ne tienne, le concert fut mené sur les chapeaux de roue, à peine perturbé par une hallucinante série de cordes cassées. Il faut dire qu’Alex à la guitare et Johanny à la batterie s’y entendent pour produire un tissu sonore dense et accidenté. Accords stridents, progression d’arpèges troubles et flux continu de roulements et de contre-temps donnent l’impression d’un flot torrentiel perpétuellement houleux, sur lequel la voix criée-chantée de Lisa, tranchante et très rythmique, se détache nettement.
Si on ajoute la température de four aux secousses frénétiques qui agite la petite foule tassée devant la scène, ça donne un concert bien physique – et qui occasionnera quelques tensions dans le public, d’ailleurs – mais qui prouve définitivement que, mais oui, on peut danser sur de la noise désarticulée.

Le Bistro des Tilleuls est un lieu inestimable, à l’ambiance fêtarde et bien camarade mais aucun endroit n’est à l’abri d’un dérapage et, ce soir-là, une altercation violente et stupide au moment de la fermeture, heureusement sans suite grave, déclenchera l’inquiétude et viendra ternir le tableau d’une soirée autrement impeccable.



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