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> Mag > Musique > Less, une ascension sociale fulgurante

Un EP sorti en versions cassette et vinyle regroupe les six premiers titres ravageurs du groupe emmené par Romain Frélier-Borda.

On n’arrête plus Less. Depuis ses débuts, chroniqués ici-même, le groupe enchaîne concerts et tournées – dont une à venir en Italie – et ce n’est pas un changement complet de line-up qui va y changer quelque chose. Les premiers titres étaient sortis en version numérique mais voici que plusieurs labels ont mis la main à la pâte pour sortir leurs six morceaux – soit la totalité des enregistrements du groupe, si j’ai bien compris – en format cassette, sur le français No good to anyone, et vinyl pour les labels américains spécialisés ès noise-rock, The ghost is clear et Reptilian records, s’il-vous-plaît.

Sur cet EP intitulé Social disappointment, on retrouve donc « Nervous breakdown » et « Devil take care », disséqués précédemment, et quatre autres titres du même tonneau et qui ne déçoivent absolument pas. Si le groupe n’invente rien, il a le chic pour piocher ça et là dans le patrimoine rock, punk et noise des ingrédients pour composer des morceaux variés et accrocheurs, tout en restant impeccablement concentré sur sa ligne de conduite noise-punk. C’est le soupçon de riff rock n’roll de « Harmful », qui vient se crasher sur des murs du son de noise rugissante. C’est le punk ralenti, noisy et gouailleur de « Substance » – dont le nom et l’intro lugubre pourraient être une référence à un fameux groupe mancunien particulièrement apprécié du chanteur, ou pas. C’est le refrain défouloir à reprendre le poing levé et la bave aux lèvres de « Negative authority » ou le riff surf du dernier morceau, « Bad to the bone », qu’on dirait tiré tout droit d’un vieux Dead kennedys.

Le son est aux petits oignons. Tout y est, le tableau est complet. Les coups de butoir de la batterie et des deux basses, les dissonances stridentes et les zébrures électriques et jusqu’au grain de distorsion sur cette voix gueulée au bord de la rupture. Comme sur scène, l’engagement et la présence physique du groupe sont palpables dans ces enregistrements. Un surplus de noirceur, une rudesse, une hargne qui me renvoient à certains groupes proto hardcore, comme Black flag ou Bl’ast. Un état d’esprit, une envie d’en découdre qui ne s’inventent pas. Qu’on a ou qu’on a pas.

Et Less, ils l’ont.

Less, Social disappointment EP (The ghost is clear records, Reptilian records), cassette (No good to anyone), janvier 2023.

À lire également, un petit texte sur le précédent groupe de Romain, que l’on peut trouver ici.

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