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> Mag > Musique > Joi et Less, tempéraments soniques au Poulpe

Bien que les deux formations aient en commun d’avoir mis les guitares au placard et d’aligner parfois des plans fleurant bon l’idiome noise-rock, leurs tempéraments sont bien différents.

Comme on le lira dans une interview à paraître dans ces pages bientôt, Less ne fait pas les choses à moitié. En ce mois de novembre, le trio débutait, je crois, sa troisième tournée de l’année et, pour leur passage vers Annecy, ils avaient eu la bonne idée de faire un bout de chemin avec Joi, pour une date à l’Ecrevis et une autre, le lendemain, au Poulpe.

Joi est un duo basse/batterie intéressant. Leur musique emprunte ça et là sans qu’on puisse vraiment lui coller une étiquette : parfois planante et méditative, parfois syncopée et plus noise ou franchement mélodique et enlevée — surtout quand le batteur donne de la voix, qu’il a excellente. Leurs morceaux, plutôt longs d’ailleurs pour le style, sont toujours très lisibles et joués avec soin, à l’image du son, très travaillé. Chez Joi, on sue mais pas trop. On danse mais on tend l’oreille aussi. On est pris dans leur bulle sonique, enveloppé dans un univers électrique et pulsé. On ne sait pas trop où on est, ni où on va, mais une chose est certaine, c’est que ce groupe a quelque chose bien à lui.

Lorsque les trois garçons de Less montent à leur tour sur scène, c’est une autre ambiance qui s’installe. Ça transpire l’énergie crue, l’envie d’en découdre. Atteindre l’intensité maximale, toucher au point d’incandescence. Pilonnages rythmiques. Distorsion épaisse et sale dégorgée par les deux basses. Le groupe enchaîne ses brûlots compacts, dans lesquels on distingue tour à tour et tout en même temps énergie viscérale punk, veine noise psychopathe et intentions mélodiques tirant davantage vers le grunge. C’est ce mélange — subtil ou pas, je vous laisse voir — qui fait tout leur charme, d’ailleurs. Même si la voix de Romain est un peu cassée et qu’on ne la distingue pas toujours quand on se tient devant la scène, les titres avec une accroche plus mélodique sont bienvenus. Comme par exemple ce morceau joué en milieu de set, particulièrement réussi, très grungy avec presque des airs de Steel pole bath tub et qu’on espère retrouver sur un prochain enregistrement.

Même si certains restent en retrait face à l’assaut sonore frontal et punk as fuck du groupe, le public réagit avec enthousiasme et enchaîne slams, pogos et trémoussements frénétiques de rigueur. Il finira même par monter sur scène pour fêter les derniers morceaux avec le groupe, dans un déluge de larsens et de hurlements de joie.

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