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The dark side of the Poulpe

samedi 7 décembre 2024 par Tom Rad-Yaute rédaction CC by-nc-sa

Compte-rendu

Une micro-scène locale post-punk et affiliés existe, modeste mais bien vivante, et le Poulpe, l’auberge supersonique de Reignier, lui ouvre régulièrement ses portes. A l’affiche ce soir-là : le post-punk d’inspiration quasi cabaret Scheidensekret et l’électro-punk minimal survolté de Bound by Endogamy.

Scheidensekret – qui signifie « sécrétions vaginales » en allemand, pas de cachotteries – est la formation la plus récente issue de cette scène. On y retrouve Fabien, qu’on connaît aussi dans le projet solo Oiseau sans coeur, à la basse et au chant, et un autre Fabien à la batterie, les deux étant issus de S.Tantale, une des plus vieilles formations indus-goth-punk locales. Ils sont accompagnés d’Anne aux synthés et choeurs – aussi connue sous son pseudo de DJ Anne von Klüz.

Bound by Endogamy
Bound by Endogamy

Avec leurs chapeaux, chemises et bretelles noir et blanc, leur entrée théâtralisée en forme de tableau surréaliste et leurs accessoires poético-comiques, le groupe convoque des références au cinéma (Orange mécanique, Tim Burton) et cultive un goût de la mise en scène qu’on retrouve dans leurs autres projets. Le chant et le jeu de scène expressionnistes de Fabien accentuent encore ce côté spectaculaire, presque cabaret, du groupe. Les textes semblent souvent dépeindre des personnages de losers tentant d’échapper à un quotidien oppressant par la musique et la fête et le post-punk de Scheidensekret est à l’image de cet univers : basique, froid et perturbé mais aussi finalement assez festif avec des emballements disco paillettes et même une valse un peu façon Kurt Weill/L’Opéra de quat’ sous.

Le groupe a gagné en aisance depuis le concert du 648 café. Le set était plutôt fluide et est accueilli très favorablement par le public. Anne lui fera même reprendre en choeur le refrain de « This is not funny », avant de quitter la scène sur un mini défilé de sous-vêtements au nom du groupe.

Difficile d’ignorer l’existence du duo Bound by Endogamy, tant le groupe tourne sans relâche dans la foulée de la sortie de son premier album. La machine formée par Kleio Thomaïdes et Shlomo Balexert est bien huilée et leur électro-punk minimal, abrasif et cru tourne à plein régime, pour un impact maximal. Batterie qui fait corps avec les couches d’électronique survoltée, scansions d’une voix nouée d’émotion et de fureur, cousine d’autres vocalistes post-punk comme Simone Aubert de Tout bleu ou Hobrey Hornor de Lithics.

Le son des Suisses transmet une énergie contagieuse, accentuée encore par la présence électrique de Kleio Thomaïdes sur scène et ses chorégraphies combatives et pulsées. La salle du Poulpe ne tarde pas à ressembler à une de ces scènes de transe collective frénétique peintes par Keith Haring. Le set se terminera sur un morceau très fort, sommet de colère où le chant en français est assuré alternativement par les deux musiciens. Avec Dame area et Lovataraxx, ce concert fait une jolie trilogie de formations croisant électronique et post-punk, avec chacune leur frontwoman puissante.

Photos : Jacques (merci à toi).

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